Aller au contenu

Page:Samain - Œuvres, t2, 1921.djvu/173

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
161
SYMPHONIE HÉROÏQUE



Tout est fini ; sanglots, menaces, désespoirs,
Rien n’émeut mes grands yeux cernés de larges bistres.
Oh ! qui dira jamais quels cadavres sinistres
Gisent sans sépulture au fond de mes yeux noirs !…


Vraiment, je suis l’amante, et n’ai point d’autre rôle.
Dans mon cœur tout est mort, quand le temps est passé.
Ma passion d’hier ?… c’est comme un fruit pressé
Dont on jette la peau par-dessus son épaule.


Mon désir dans les cœurs entre comme un couteau ;
Et parmi mes amants je ne connais personne
Qui, sur ma couche en feu, devant moi ne frissonne
Comme devant la porte ouverte du tombeau.


Je veux les longs transports où la chair épuisée
S’abîme, et ressuscite, et meurt éperdument.
C’est de tant de baisers, aigus jusqu’au tourment,
Que je suis à jamais pâle et martyrisée.