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Page:Samain - Œuvres, t3, 1921.djvu/100

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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN

l’entrelacement compliqué des pas. Callidice, inhabile encore, l’imitait. Ensemble elles tournaient, d’abord lentement, puis plus vite ; le vent soulevait leurs tuniques légères derrière elles, et découvrait leurs pieds emmêlés. Souvent Callidice, trahissant la mesure, s’arrêtait trop tard ou faisait un faux pas ; alors un double rire emplissait le jardin de son éclat sonore.

Hyalis ne se rassasiait point de ces gracieux tableaux, et il maudissait souvent les passants dont l’approche soudaine le forçait à fuir.

D’abord il voulut garder en lui-même le secret de ses sentiments ; mais il ne tarda pas à se trahir par d’inconscients aveux ; ses brusques rougeurs, ses yeux légèrement égarés, son excessive sauvagerie, ses allures insolites ne révélaient que trop la confusion de son âme, et il répandait son cœur autour de lui, comme un enfant qui porte un vase trop plein.