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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN

par l’amour que tu monteras à la douleur.

La voix du vieillard avait un tremblement solennel en prononçant ces dernières paroles ; et, prenant la tête d’Hyalis entre ses mains, il fit descendre en lui un regard long et pénétrant, et gravement posa ses lèvres sur son front.

À présent Hyalis sentait chaque jour des sentiments inexplicables s’éveiller en lui ; une conscience de lui-même lui venait ; au lieu d’appartenir tout entier aux impressions mobiles et changeantes des choses, il tissait entre le monde et lui les fils multiples de sa propre pensée toujours occupée de Nyza, et il vivait au centre de lui-même, comme la chenille fileuse dans sa coque dorée.

Quand il pensait secrètement à elle, une langueur coulait dans ses membres, pénétrait ses os ; son âme était heureuse, et ses lèvres spontanément souriaient, comme une fleur s’ouvre.

L’onde unie des mares l’attirait ; sans cesse