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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN

et sa joie bruyante quand Nyza consentait à jouer aussi, et la faisait danser avec elle, les bras noués à sa taille. Ce souvenir des heures lointaines l’atteignit au plus tendre de son cœur, et il appuya silencieusement sur ses lèvres les poignées de buis polies par les mains charmantes.

Il était parvenu maintenant au portique, où les serviteurs dormaient. Il s’arrêta, un bras appuyé sur une colonne, et tendit le cou dans les ténèbres. Son cœur battait à grands coups dans sa poitrine, et des gouttes de sueur coulaient lentement sur son torse et dans le creux de son dos.

Il écouta : des tourterelles près de lui se mirent à roucouler, puis se turent ; les feuillages du jardin remuèrent avec un long murmure.

Alors, domptant l’hésitation qui faisait plier ses genoux, il franchit le seuil et se dirigea en tâtonnant vers une faible lumière qui filtrait entre des tentures rapprochées.