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Page:Samain - Œuvres, t3, 1921.djvu/129

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CONTES


Le comte Madori, mari de la belle Viola, les surprit, un jour. Rovère tua le comte d’un coup de poignard au cœur, et, dans la nuit, des serviteurs descendirent le cadavre et le déposèrent dans une ruelle déserte, encore chaud. Ce crime n’émut point Rovère, il ajouta seulement à son amour. Viola devint plus puissante encore sur ses sens, et il la respira de toute son âme en feu comme une rose trempée dans du sang.

Il avait fait construire, tout en haut de son palais, une salle de marbre où il s’enfermait avec elle des journées entières. Trois marches de porphyre noir descendaient à un bassin où jaillissait une gerbe fine qui retombait en pluie parfumée. Des coussins de soie, des étoffes brillantes traînaient sur le pavé de mosaïque ; et de longs voiles drapés à l’unique fenêtre coloraient étrangement la lumière, et faisaient flotter dans la pièce un demi-jour ardent comme une vapeur de pourpre. Là ses sens régnaient, somptueux. Viola, étendue sur