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Page:Samain - Œuvres, t3, 1921.djvu/130

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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN

des soies, déployait en silence l’harmonie de ses gestes lents ; nul bruit ne montait jusqu’à eux et ils s’enivraient de solitude. Parfois Viola se levait et, sur les marches du bassin, laissait l’une après l’autre tomber ses parures ; les lourds brocarts, les souples draperies s’affaissaient en cercle à ses pieds, et du dernier tissu qui glissait lentement sur son corps elle émergeait enfin nue et splendide. Rovère, immobile, s’agenouillait, et toute son âme n’était plus qu’un lac d’extase. Souvent, comme épuisé de sentir, il se levait, écartait les voiles de la fenêtre, et, respirant une bouffée d’air pur, il embrassait d’un large regard le paysage. De cette hauteur il dominait les architectures magnifiques de la ville, le port encombré de vaisseaux, les campagnes riches de verdure et de moissons, les canaux, les vignobles, les métairies, et la molle inflexion des collines à l’horizon ; puis, reportant subitement ses yeux sur Viola, il lui semblait retrouver dans ce corps admirable dressé