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Page:Samain - Œuvres, t3, 1921.djvu/134

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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN

jaillit le flot intarissable et sacré de la vie, et la vie est la beauté, et la beauté est la fleur du monde ! »

Il s’arrêta… Un vent léger et frais, circulant dans la salle, annonçait l’approche du matin et les flambeaux pâlissaient. Brusquement, des serviteurs tirèrent les lourdes draperies, et la mer apparut…

À l’horizon, une lueur vermeille montait, grandissant de minute en minute, et déployant de gigantesques rayons en éventail. Des nuages s’étageaient, dorés sur leurs bords ; sur les flots sombres, une longue traînée d’argent clair scintillait et le haut des palais se teintait de rose. L’agitation du port commençait ; des hommes chargeaient des bateaux, empilaient des fruits, vidaient des paniers de poissons, allumaient des feux sur la grève. Un bruit confus venait de la cité, et, là-bas, la proue haute et cambrée, les voiles frissonnantes, un grand vaisseau s’en allait tout doré dans le soleil levant.