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Page:Samain - Œuvres, t3, 1921.djvu/146

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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN

lier de perles au cou. Sur sa tête, elle avait posé une bizarre et massive couronne de roses, et elle portait dans ses bras un petit chien. La beauté de son visage était saisissante ; des boucles tombaient au long de ses joues, mais ses yeux exagérés étaient pleins d’égarement, et son rire faisait tressaillir.

Comme Rovère regardait l’enfant avec étonnement :

― C’est ma plus jeune sœur, dit Angisèle, et elle ajouta à mi-voix : elle est folle.

Mais l’enfant vint se jeter à son cou, et lui fit mille caresses dans un flot d’incohérentes paroles, puis, soudain, elle s’assit sur le tapis et se mit à bercer son chien dans ses bras, doucement.

― Je croyais que tu habitais seule ce château, fit Rovère au bout d’un moment.

― Non, mon père vit encore, mais, accablé de chagrin et chargé d’infirmités, il ne sort point de la tour que tu vois d’ici à l’autre extrémité du château. Il s’y est retiré le jour