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CONTES




Cependant un travail s’opérait dans l’âme de Rovère. Cette lumière monotone, ces sombres verdures, cette atmosphère silencieuse et morte, ces cloches dans la brume, ces servantes vêtues de noir qu’il voyait errer à travers les corridors, toute cette tristesse flottante s’imprégnait en lui, s’incorporait à la substance de ses pensées. L’émotion qu’il avait éprouvée aux récits d’Angisèle s’était propagée jusqu’aux confins de son être. Il lui semblait avoir franchi l’équateur de ses sensations ; un ciel nouveau apparaissait ; des mots inconnus flottaient dans l’air, qui le laissaient frissonnant et pensif ; et, sur les eaux vierges de son âme, se projetait l’ombre immense d’une croix.