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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN




Angisèle fut ramenée mourante au château.

Une grande crise suivit, pendant laquelle nuit et jour elle délira, et on la crut perdue. Rovère veillait près d’elle, et dans la chambre imprégnée d’éther où les servantes parlaient à voix basse et marchaient à pas étouffés, devant cette forme misérable et dévorée de fièvre, allongée sous les couvertures, il sentait toute son âme se dissoudre en amour.

Jamais nul être à nul moment n’avait ainsi creusé en lui des abîmes de tendresse, et, songeant à son cœur d’autrefois uniquement sensible à la gloire des sens, il admirait sans la comprendre cette extraordinaire et divine poésie de la Pitié.