poussée de sentiments longtemps contenue :
― Ah ! Rovère, s’écria-t-elle, pourquoi ai-je vécu dans ce sombre pays, alors qu’ailleurs tout est joie et clarté ! Ici, je n’ai appris que la mort.
― Ne dis point de mal de ton pays, répondit Rovère ; c’est à lui, c’est à sa tristesse que ton âme doit son incomparable beauté.
― Il n’y a de beauté que dans la vie et dans la lumière, et mon âme à moi a vécu dans un sépulcre.
― N’est-ce point ainsi justement que, repliée toute sur elle-même, elle a connu cette exaltation intérieure, ces ivresses de sacrifice, ces ferveurs, ces extases, ces anéantissements qui dépassent mille fois toutes les voluptés de la terre ?
Angisèle secoua la tête et répondit lentement :
― Je le croyais avant de t’avoir connu, mais je me trompais : rien ne dépasse l’amour.
Ils restèrent un moment silencieux.