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Page:Samain - Œuvres, t3, 1921.djvu/167

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CONTES

Et Rovère disait les villes éclatantes, l’animation des quais, les nobles architectures, les rues fraîches comme des caves, les dalles brûlantes des grandes places désertes, la magnificence des églises, les cortèges, les fêtes, les femmes parées à la promenade, les jardins décorés de blanches statues, les palais de marbre au bord des mers de soie bleue, et surtout l’idéale douceur des nuits transparentes sous un firmament de pierreries.

Angisèle l’écoutait passionnément, murmurant après lui les noms des cités heureuses, comme si elle caressait son âme à leurs sonorités.

Un soir, comme Rovère achevait son récit, il vit son visage se couvrir de larmes qui coulaient silencieusement.

― Qu’as-tu, lui demanda-t-il doucement, et par quels mots inconsidérés ai-je pu t’attrister ainsi, sans le vouloir ?

Angisèle d’abord ne répondit pas ; puis comme si son cœur cédait à l’irrésistible