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CONTES




D’abord couchée et sans force, elle ne quitta point la chambre qui lui avait été préparée sur le vaisseau ; puis au bout de quelques jours son état s’améliora et elle voulut qu’on la transportât sur le pont.

À mesure que l’on descendait vers le sud, elle éprouvait dans tout son être une instinctive et douce ivresse. Tout le jour, assise à l’avant, dans des couvertures, elle buvait à longs traits l’air attiédi des mers bleues ; ses yeux nageaient dans la belle lumière et elle entrait avec extase dans la divine révélation de l’azur !

Parfois il lui arrivait de dire à Rovère :

― La volupté que je ressens à vivre est telle,