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Page:Samain - Œuvres, t3, 1921.djvu/176

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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN


― Tais-toi… laisse-moi m’écouter vivre !… et dans la façon dont elle appuyait son pied sur le sol il y avait une volupté.

Un soir, comme ils étaient assis sur la terrasse qui descendait vers la mer :

― Rovère, dit Angisèle après un long silence, pourrais-tu m’expliquer, toi qui lis si bien mon cœur, pourquoi ces idées funèbres qui me rendaient autrefois si malheureuse me laissent ainsi calme à présent ?… Oui, calme, ajouta-t-elle, étrangement calme, comme tu le peux juger, et, prenant la main de Rovère, elle l’appuya légèrement sur la place où battait presque insensiblement son cœur.

― Pourtant, reprit-elle au bout d’un instant, et sa voix monta avec une grande douceur dans la nuit solennelle et pure, pourtant… jamais je ne me sentis plus près de la mort que ce soir… »

Rovère se dressa en frissonnant et la regarda.

Elle souriait, pâle, aux étoiles ; mais ses yeux, agrandis de fièvre, brûlaient.