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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN

main vers cette couronne d’épines et la posa sur ses cheveux. Puis, peu à peu, graduant ses discours, remêlant la morte à la vie dans un travail d’une trame compliquée et d’une délicatesse merveilleuse, elle sut atténuer l’horreur de l’irréparable et ramener la paix quotidienne dans le cœur désolé de Maurice.

Ce fut ainsi, et par un enchaînement naturel des choses, que ce dernier, un an et demi plus tard, songea à lui demander de l’épouser.

Le rêve de sa jeunesse aboutissait donc à ce navrant épilogue. Ah ! certes, ce ne fut point sans une douloureuse ironie qu’elle revêtit, à près de trente ans, la robe blanche des épousées ; et quelque chose en elle de sacrifié et d’extatique apparut si visiblement à l’église, que les spectateurs les moins avertis de l’assistance en furent frappés.

Dans cette nouvelle demeure, où elle venait « doubler » la disparue, elle trouva ce qu’elle avait prévu : une affection loyale, un foyer mélancolique et le calme.