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CONTES


Des choses pourtant saignaient encore en elle. Souvent, il arrivait à Maurice de prendre le petit René, ― c’était le nom de l’enfant, ― et de le regarder sans rien dire, avec des yeux où montait un brouillard ; et Divine, allant d’elle-même au-devant de la souffrance, disait « Comme il ressemble à Lydie, n’est-ce pas, mon ami ? » Que ne pouvait-elle, en ce moment, pleurer, elle aussi, les tièdes larmes que Maurice laissait, sans les essuyer, couler sur sa barbe ! Pourtant un grand bonheur lui vint, sur lequel elle n’avait plus compté. Elle sentit qu’elle allait être mère, et cette pensée rouvrit en elle les sources taries, et il y eut en elle des jaillissements, des ruissellements… Toute sa chair, traversée de tendresse, se mit à refleurir, sembla-t-il. Un sang rose monta à ses joues, vermillonna l’ourlet de ses oreilles ; une ligne d’une douceur adorable relia son menton à son cou, renfla son corsage, arrondit ses hanches ; sa démarche amollie et comme légèrement appuyée révéla la volupté