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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN

dans sa chair maternelle, Divine accepta ce deuil suprême avec l’insondable douceur des résignations professionnelles. Ah ! combien souvent son cœur s’élançait vers la paix définitive des couvents ; derrière leurs grandes murailles ouatées de silence, le repos eût été si doux à son âme fatiguée ; et, bien des fois, aspirant la fraîcheur lointaine des blanches cellules et des longs corridors dallés de pierre bleue, elle tendait les bras vers ces calmes retraites, qui sont comme les antichambres de la mort. Mais elle se devait à son mari, bien qu’après l’affreuse épreuve, elle ne se sentît plus la force de recommencer la vie ; et puis René était là, l’enfant qu’elle avait sauvé et qu’un nouveau baptême de douleur avait en quelque sorte fait sien.

Elle resta donc, redescendit au fond de son cœur et s’y enferma, ne gardant à la surface qu’un masque d’indélébile tristesse.

La tendance secrète de ses pensées, le ressort intérieur de sa vie la poussaient maintenant