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CONTES

il s’amusait à voir les petits insectes sortir de terre, courir très vite, monter et descendre au long des brins frêles, s’aventurer dans le calice d’une fleur, se suspendre au bout d’un fil invisible ; tantôt, penché sur une rivière aux claires ondes, il contemplait le manège indolent ou brusque des poissons vite effarés ; tantôt, ayant capturé quelque beau papillon, il le posait sur le dos de sa main, et regardait avec ravissement les grandes ailes précieuses palpiter lentement au soleil ; ou bien, choisissant quelque coquillage profond et contourné, il l’appuyait contre son oreille, et des heures entières, un vague sourire aux lèvres, il écoutait au fond de la nacre enchantée bruire la mer éternelle.

D’autres fois, avide de mouvement, il s’élançait et tout le jour se fatiguait en courses folles à travers les bois et les vallées. Sa plus grande joie était de rencontrer le centaure Capanède ; car celui-ci, séduit par sa gentillesse, lui proposait toujours de l’emmener