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Page:Samain - Œuvres, t3, 1921.djvu/93

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CONTES


Mille pensées confuses s’éveillaient ainsi dans l’esprit du faune, et une pâle conscience se levait dans son âme, comme le premier rayon de l’aube qui court sur la cime argentée des vagues.

À mesure qu’il grandissait, un instinct plus impérieux le poussait vers les habitations humaines. Dès l’aurore, il sortait de l’épaisseur des bois, et s’en allait vers les campagnes, où, de métairie en métairie, se répondaient les coqs sonores. À pas lents il errait à travers les cultures qui paraient la terre de régulières couleurs ; longeant les champs de maïs, de seigle, d’avoine, il assistait de loin aux travaux des hommes.

Parfois, glissant jusqu’aux limites des villages, il s’approchait de la demeure du forgeron toujours retentissante du bruit des marteaux sur l’enclume ; il aimait surtout à voir ferrer les chevaux ; sur le sabot haut levé, qu’il taillait d’abord à coups de ciseau, l’ouvrier aux bras nus appliquait avec des