Page:Samain - Œuvres, t3, 1921.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
82
ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN

tenailles le fer rougi au feu ; une âcre vapeur de corne brûlée se répandait dans l’air, et le cheval inquiet tournait la tête.

D’autres fois il s’arrêtait de loin devant l’atelier du potier, et ses yeux ne pouvaient se détacher de la roue rapide où l’artisan formait à son gré de l’argile informe et docile des vases harmonieux.

Mais rien n’égalait son émotion quand il pénétrait dans les temples. Ceux qui étaient consacrés aux Olympiens, à Apollon, à Diane, à Neptune, l’impressionnaient surtout. La majesté des proportions, la noblesse des pierres, le silence sacré des lieux, tout l’envahissait d’admiration ; et quand, s’avançant jusqu’au fond du sanctuaire désert, où flottait encore après les sacrifices l’odeur des parfums brûlés, il apercevait, dressée dans la pénombre, la haute image de l’Immortel, avec son visage de marbre et ses yeux de pierres précieuses, la stupeur frappait ses membres ; sa poitrine haletait, et il sentait