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Page:Samuel Koenig, Appel au public, 1752.djvu/167

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l’article de votre Lettre, où vous me demandez des éclaircissements sur mon Principe de Continuïté. Assurément je pense que ce Principe est général, & qu’il tient bon, non seulement dans la Géométrie mais encore dans la Physique. La Géométrie n’étant que la science des limites & de la grandeur du Continu, il n’est point étonnant, que cette loi s’y observe par-tout : car d’où viendroit une subite interruption dans un sujet qui n’en admet pas en vertu de sa nature ? Aussi savons-nous bien que tout est parfaitement lié dans cette science, & qu’on ne sauroit alléguer un seul exemple, qu’une propriété quelconque y cesse subitement, ou naisse de même, sans qu’on puisse assigner le passage intermédiaire de l’une à l’autre, les points d’inflexion & de rebroussement, qui rendent le changement explicable ; de manière, qu’une Equation Algébrique, qui représente exactement un état, en représente virtuellement tous les autres, qui peuvent convenir au même sujet. L’universalité de ce Principe dans la Géométrie m’a bientôt fait connoitre, qu’il ne sauroit manquer d’avoir lieu aussi dans la Physique : puisque je vois que, pour qu’il y ait de la règle & de l’ordre dans la Nature, il est nécessaire, que le Physique s’harmonise constamment avec le Géométrique ; & que le contraire arriveroit, si là, où la Géométrie demande de la continuation, le Physique souffroit une subite interruption. Selon moi tout est lié dans l’Univers en vertu de raisons de Métaphysique, de manière que le présent est toujours gros de l’avenir, & qu’aucun état donné n’est explicable naturellement, qu’au moyen de celui, dont il a été précédé immédiatement. Si on le nie, le monde aura des hiatus, qui renversent le grand Principe de la Rai-