rendait dans le palais de Hoa-thsing, Lieou-yen l’arrêta et lui présenta une lettre. L’empereur conçut de l’admiration pour lui et l’appela Chin-thong (enfant merveilleux). Il lui donna ensuite la charge de Tching-tseu (correcteur de caractères) dans l’Académie des Han-lin. Un jour qu’il l’avait mandé auprès de lui, l’impératrice le fit asseoir sur ses genoux et lia elle-même avec un ruban la touffe de ses cheveux. L’empereur étant survenu, lui dit : En votre qualité de Tching-tseu (correcteur de caractères), combien avez-vous corrigé ?
Lieou-yen se prosterna jusqu’à terre et répondit : Tous les caractères sont corrects, à l’exception du mot p’ong 朋 (camarade, ami). Or, dans les anciens livres, le caractère p’ong s’écrivait penché 朋 et n’était pas droit[1]. Or, par là il voulait critiquer les nombreux favoris des mauvais ministres de cette époque, qui se liaient d’amitié entre eux pour faire le mal. Ming-hoang conçut pour lui une grande admiration. Dans la suite, il servit successivement quatre empereurs, Ming-tsong, So-tsong, Taï-tsong et Te-tsong, et arriva à la dignité de président du Hou-po (ministère des finances) et de ministre. On voit par là que Lieou-yen était non-seulement sagace et intelligent, mais encore qu’il estimait les hommes droits et repoussait les hommes vicieux.
L’auteur dit que Lieou-yen, quoiqu’il fût un jeune enfant de sept ans, fut admis au nombre des magistrats et devint membre de l’Aca-
- ↑ À l’époque où il parlait, le caractère p’ong s’écrivait droit (comme aujourd’hui) et non penché : il n’était donc pas correct. Le texte suivant explique sa pensée.