Page:San-Tseu-King - Traduction Stanislas Julien, Georg, Geneve, 1873.djvu/54

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exposés dans les quatre parties du Chi-king ou Livre des vers. Ces traces (actions) des empereurs ont été conservées au moyen des vers. Dès le moment que l’empereur (P’ing-wang) se fut transporté dans la partie orientale de la Chine, les intendants de la musique ne présentèrent plus de poésies au souverain, et l’on vit disparaître les chants populaires qui dépeignaient les mœurs des royaumes (Koue-fong)[1]. Les princes feudataires ne venaient plus rendre hommage à l’empereur. Alors les poésies appelées Siao-ya périrent (cessèrent d’être en usage) ; les princes feudataires ne secondaient plus l’empereur dans les sacrifices, et alors les chants appelés Song périrent (furent mis en oubli).

Quand les vers eurent péri (eurent cessé d’être en usage), les traces des empereurs s’effacèrent.

Confucius, qui était né sur la fin des Tcheou orientaux, s’affligeait de voir que l’administration des empereurs ne s’exerçait plus et que les princes feudataires n’écoutaient que leur volonté. Alors il quitta le royaume de Weï et retourna dans celui de Lou, et composa le Tch’un-thsieou (le Printemps et l’Automne) pour rétablir l’influence des empereurs. Les mots Tch’un-thsieou sont l’ancien nom de la chronique du royaume de Lou. Elle comprend les faits qui se sont passés dans les quatre saisons (de chaque année).

Le Tch’un-thsieou commence à la première année de In-kong, roi de Lou. Cette année correspond à la fin du règne de l’empereur P’ing-wang et à l’époque où les Tcheou ont commencé a s’établir dans l’orient de la Chine. Dans cette chronique, Confucius a parcouru les règnes de In-kong, Hoan-kong, Tchoang-wang, Min-kong, Hi-kong, Wen-kong, Siouen-kong, Tch’ing-kong, Siang-kong, Tchao-kong, Ting-kong, Aï-kong, et, arrivé a la prise du Ki-lin[2], il a cessé d’écrire. Le Tch’un-thsieou embrasse les événements qui se sont passés dans l’espace de deux cent cinquante-deux ans. Là, un seul mot d’éloge est plus pompeux qu’un vêtement impérial ; un mot de blâme est plus terrible qu’un coup de hache.

Meng-tseu a dit : Quand Confucius eut composé le Tchun-thsieou,

  1. Il y a en chinois fong-wang, les mœurs périrent, disparurent. J’ai été obligé de développer ce passage pour le rendre intelligible.
  2. Le Ki-lin est un animal fabuleux qui, suivant les Chinois, n’apparaît que lorsque l’empereur est doué d’humanité. (Dict. P’in-tseu-thsien.)