seller Kyrat ; et part en laissant Belly-Ahmed enchaîné dans un cachot, comme il avait fait pour Khoya-Yakub ; en pareille circonstance, c’est sa façon d’agir.
Ayant entendu la proclamation… (Page 21.)
Ayant passé les portes de la ville (Constantinople), il descendit de cheval, et Kyrat le suivit par les rues. Ce merveilleux cheval (descendant à coup sûr de celui qui portait les quatre fils Aymon), sachant bien qu’il pourrait éveiller, par sa beauté, la convoitise des étrangers, ou craignant qu’on ne jetât sur lui quelque charme, « avait l’esprit de laisser tomber ses oreilles comme un âne, de rebrousser son poil, d’emmêler sa crinière, enfin de se donner l’apparence et la démarche d’une rosse. »
Kourroglou vit une femme décrépite dont le dos avait la forme courbée de la nouvelle lune, et connut à son air que c’était une sorcière. Il pauvreté. Il lui donne de l’or, elle s’attendrit. Mais arrivés à la maison de la vieille, Kourroglou, qui veut y faire entrer Kyrat, trouve la porte si basse, qu’il est obligé de partager la muraille en deux d’un coup de sabre. La dame pleure, le bandit l’apaise en lui promettant de lui faire rebâtir une belle grande porte. L’écurie était confortable ; mais il n’y avait dans les mangeoires qu’un peu de paille et de ronces sèches. Heureusement Kyrat n’était pas dégoûté, et, comme son maître, mangeait ce qui se trouvait, pourvu que ce fût un peu moins dur que la pierre.
Kourroglou trouva la maison propre et bien aérée, mais dépourvue de tapis. Or, un Persan se passera de tout volontiers plutôt que de tapis. Une chambre honorable doit en avoir un en laine étendu au milieu, deux étroits en drap feutré, placés de chaque côté du premier, dans le sens de la longueur, et un quatrième en pur feutre, appelé le serendaz, placé en travers sur le tout. C’est là qu’un gentleman persan boit, mange, cause, et digère convenablement. « Mère, dit Kourroglou à la vieille, va m’acheter au bazar un assortiment de tapis ; que le feutre soit de la manufacture de Jam, et que celui du milieu soit des fabriques du Khorassan. Voici encore une poignée d’argent. »
Il s’installe bientôt sur ses beaux tapis, ôte son armure, dont la vieille suspend une à une les diverses pièces à la muraille, et lui donne encore une poignée d’argent pour qu’elle aille acheter une robe neuve ; car la sienne est si vieille et si malpropre, que le sybarite