Page:Sand - Adriani.djvu/144

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serait pour lui celle de la Renommée, et il revint chez lui se meure à l’œuvre.

Il fallait donc qu’Adriani subît cette lecture ou plutôt cette déclamation, et, quand il vit que son hôte souffrait réellement de sa préoccupation, il s’exécuta et lui demanda communication du manuscrit, en attendant l’heure où il lui serait permis d’aller au Temple.

C’était une grande erreur de la part du baron, que de vouloir infuser son souffle au génie le plus individuel et le plus indépendant qu’il fût possible de rencontrer. Dès les premiers mots, Adriani sentit que son âme serait emprisonnée dans cet étui ciselé et diamanté par les mains du baron. Sincère et loyal, il essaya de le lui faire comprendre, tout en lui donnant la part d’éloges qui lui était justement due. L’éternel combat entre le maestro et le poëte de livret s’ensuivit. Le baron n’admettait pas que la description dût être légèrement esquissée et que la musique dût remplir de sa propre poésie le sujet ainsi indiqué.

— Quand vous me peignez en quatre vers l’alouette s’élevant vers le soleil, à travers les brises embaumées du matin, disait Adriani, vous faites une peinture qui ne laisse rien à l’imagination. Or, la musique, c’est l’imagination même ; c’est elle qui est chargée de transporter le rêve de l’auditeur dans la poésie du matin. Si vous me dites tout bonnement l’alouette monte, ou l’alouette