voir ou de savoir accepter les goûts d’Octave, je lui en gâtais la jouissance par une tristesse mal déguisée parce qu’elle était mal combattue et jamais vaincue. Deux ou trois fois j’ai inquiété son repos, effrayé la conscience de son affection et fait couler ses larmes. Trois fois ! oui, en six mois d’union qui nous étaient comptés et dont j’aurais dû lui faire un siècle, une éternité de joie sans mélange, je l’ai troublé et affligé trois fois ! Et le jour même… Il faut que j’aie le courage de remuer ces souvenirs affreux, vous m’y forcez ! Le jour même qui devait nous séparer pour jamais, je le vis quitter mes côtés et s’habiller pour sortir, sans avoir la force de lui dire un mot. Il faisait un temps affreux. J’étais sottement offensée de ce qu’il affrontait les rigueurs de l’hiver pour un but qui n’était pas moi. J’ai pris ensuite le chagrin violent que j’avais ressenti dans ce moment-là pour un pressentiment. C’en était un peut-être ? C’est une dernière faveur du ciel, une dernière bonté de Dieu envers nous, ces mystérieux avertissements qu’il nous donne ! Nous devrions les deviner et les suivre ! Je ne pus démêler ce qui se passait en moi. Je n’eusse rien empêché, je ne savais pas combattre les désirs d’Octave ; mais, au moins, je l’eusse embrassé une dernière fois ; il fût parti avec la conscience de mon amour.
» Je restai immobile, absorbée dans mon égoïste ef-