Page:Sand - Adriani.djvu/166

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lui qui l’y avait menée, ainsi que Toinette, avec ses mulets. Il avait été appelé vers deux heures du matin par Toinette elle-même, sa chaumière étant à une très-petite distance du Temple. Il avait trouvé les malles faites, il les avait chargées sur la calèche, et n’avait vu madame de Monteluz qu’au moment où elle y montait, et à celui où elle en était descendue. Tout cela s’était passé sans que le rude sommeil de Mariotte en fut troublé. Toinette avait chargé ce paysan de garder la maison. Un arrangement antérieur avait confié à son fils la régie du petit domaine. On ne savait pas quand on reviendrait, on ne savait pas encore où l’on allait directement. Cela dépendrait des lettres d’affaires que madame recevrait à Tournon. On descendrait peut-être le Rhône en bateau, on remonterait peut-être par la route de Lyon. Bref, cet homme ne savait rien, sinon, comme Mariotte, que madame était partie. Il la regrettait ; il disait que la bonne jeune dame était bien un peu détraquée dans ses esprits, mais que jamais maîtresse plus douce et plus généreuse n’avait parlé au pauvre monde.

Ce fut comme une oraison funèbre, car il ajouta :

— Je crois bien que nous ne la reverrons plus et qu’elle n’est pas pour faire de vieux os. Elle a trop de mal dans son idée !

Adriani retourna au petit salon. Il se jeta sur le fauteuil où Laure s’était assise la veille et dévora sa lettre.