Page:Sand - Adriani.djvu/192

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der notre conduite, dût-elle ne pas être approuvée par les êtres que nous respectons le plus. C’est à moi maintenant de vous persuader humblement de penser comme moi sur le compte de l’ami que j’ose vous présenter de nouveau comme tel, et qui aspire à votre bienveillance.

La marquise était si étourdie de ce qui se passait sous ses yeux, qu’elle ne put d’abord trouver une parole. Tout son usage l’abandonnait. Elle croyait rêver.

Elle connaissait Laure pour entêtée. C’est le mot que, depuis l’enfance de sa pupille, elle appliquait, sans gaieté ni aigreur, à son caractère. Le résultat de cette persistance dans les sentiments ayant été un heureux mariage pour le fils de la marquise, celle-ci avait dû reconnaître qu’elle ne regrettait pas d’avoir été vaincue et dominée (c’est ainsi qu’elle parlait) par cette petite fille. Depuis la mort d’Octave, l’accablement de Laure, également invincible, sa haine pour ce que la marquise appelait le monde, surtout son absence récente, qui ressemblait un peu à une révolte déguisée contre les habitudes de la famille, avaient bien choqué les idées de la vieille dame ; mais elle se flattait de ramener sa bru à une soumission absolue, du moins en sa présence. Elle fut donc abasourdie de la voir se fiancer, en quelque sorte à sa barbe (elle en avait un peu), avec un inconnu, sans avoir égard aux sages lenteurs et aux minutieuses enquêtes qu’elle se réservait d’apporter, en obstacle ou en aide,