Page:Sand - Adriani.djvu/200

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personnes de votre société des moments agréables. J’ai eu tort certainement, si vous avez pu conclure de là que ces artistes étaient vos égaux. Je suis répréhensible de n’avoir pas prévu que cette idée germerait tôt ou tard dans une tête que je ne savais pas aussi exaltée qu’elle l’était, ou qu’elle l’est devenue. Mon but était, d’abord, de satisfaire vos goûts et d’y employer des revenus qui étaient vôtres ; ensuite, de vous faire briller dans un monde d’élite, où vos talents et votre beauté pouvaient vous mettre à même de vous établir plus avantageusement, pécuniairement parlant, que vous n’avez voulu le faire. J’étais, je suis toujours une provinciale, moi ; je n’en rougis pas, bien au contraire ! Mais je voulais faire de vous une Parisienne, afin de n’avoir pas à me reprocher de vous avoir tenue dans un milieu où l’amour de mon fils vous devînt une sorte de nécessité. Eh bien, ma chère Laure, toutes mes précautions ont été déjouées par vous. D’abord, vous avez épousé mon fils ; ensuite, vous avec cru qu’il vous était possible de vous remarier avec un artiste. Voyons, n’est-ce pas là votre pensée dans ces derniers temps ?

— Je sais, maman, répondit Laure, que je voudrais en vain modifier vos idées sur l’inégalité des conditions. Je ne l’entreprendrai pas. Incapable de modifier les miennes, mon respect pour vous m’ordonne de me taire quand vous avez prononcé.