Page:Sand - Adriani.djvu/260

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suicide pour fléchir les refus du clergé, et voulant que personne ne pût douter du châtiment qu’il s’était infligé à lui-même. Cependant Valérie, obéissant à ses impressions d’enfance, avait placé un crucifix sur le drap blanc qui dessinait les formes anguleuses du cadavre ; mais aucune de ces prières qui sont, à défaut de foi vive, le dernier adieu de la famille et de l’amitié, ne troublait le morne silence de cette veillée funèbre.

Adriani pria pour l’infortuné comme il savait prier. Il eut vers Dieu des élans de cœur véritables, des attendrissements profonds et des effusions d’espérance, qui font, en somme, le résumé de toute invocation sincère. Il avait cette superstition pieuse, et peut-être légitime, de penser qu’une âme, qui s’en va seule dans la sphère inconnue aux vivants, a besoin, pour rejoindre le foyer d’où elle est émanée, de l’assistance des âmes dont elle se sépare ici-bas. Les rites des religions ne sont pas de vains simulacres ; les chants, les pleurs, toute cérémonie qui accompagne la dépouille de l’homme d’une solennité extérieure est l’expression de cette assistance au-delà de la mort.

Adriani sut gré à Valérie de lui avoir confié le soin de remplacer tout ce qui manquait au suicidé. Une immense pitié, un pardon sans bornes s’étendirent sur lui, et le cœur d’Adriani s’offrit à Dieu comme la caution de la