cessité du bon exemple. Autant que j’ai pu en juger par les appréciations de la Muiron, qui est un peu folle, mais pas très-sotte, madame de Monteluz, la mère, est un esprit assez froid et absolu, qui, sans le vouloir, froisse l’extrême sensibilité de la désolée, et qui commence à s’impatienter doucement de ne pas la trouver plus résignée au fond de l’âme. De là un peu de persécution, tantôt à propos de la religion, tantôt à propos de l’étiquette. La pauvre jeune femme s’est trouvée mal à l’aise sous cette domination, qui ne gênait pas seulement ses actions, mais qui voulait s’étendre sur ses sentiments les plus intimes. Elle a emporté sa blessure dans la solitude, prétextant une visite à je ne sais quels parents du haut Languedoc, et des intérêts à surveiller. Elle est partie comme pour voyager et elle a marché un peu au hasard. Elle a trouvé sur son chemin cette jolie petite terre et cette vilaine petite maison, qu’un grand-oncle lui avait laissées en héritage et qu’elle ne connaissait pas. Cette solitude lui a plu. L’idée de ne connaître personne aux environs et de pouvoir se laisser oublier là, a été pour elle comme un soulagement nécessaire, après une contrainte au-dessus de ses forces. Elle y est depuis trois mois et frémit à l’idée de retourner chez les grands parents vauclusois. Cette infortunée savoure l’horreur de son isolement et les privations d’une vie de cénobite, comme un écolier en vacances savoure le plai-
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