Page:Sand - Adriani.djvu/84

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— Ai-je dit un autre jour ? répondit-elle. C’est bien présomptueux ! je n’ose pas vous le demander.

— Eh bien, moi, lui dis-je, je le demande comme une grâce ; mais, avant tout, je tiens à ne pas tromper une personne dont je respecte la tristesse, dont je vénère la confiance. Il y a eu malentendu entre mademoiselle Muiron et moi, à coup sûr. Elle vous a dit que j’avais l’honneur d’être connu de vous, puisque vous vous êtes accusée ce matin d’un manque de mémoire. Mademoiselle Muiron s’est trompée absolument. Je ne me suis jamais présenté dans votre famille, je ne vous ai jamais rencontrée dans le monde, je ne vous ai vue qu’au Conservatoire, il y a quatre ans, sans que vous ayez jamais fait la moindre attention à moi.

— Eh bien, répondit-elle avec une bienveillance nonchalante, c’est égal, nous nous connaissons maintenant.

— Non, madame. Je crois que j’ai le bonheur de vous connaître, car il suffit de vous voir… : mais…

— Eh bien, c’est la même chose pour vous, dit-elle en m’interrompant : il suffit de vous entendre ; vous avez l’esprit juste et le cœur vrai. Je n’ai pas besoin d’en savoir davantage pour vous écouter avec sympathie.

— Alors, vous ne m’ordonnez pas, vous me défendez peut-être de vous dire qui je suis ? C’est le comble de l’indifférence.