Page:Sand - Adriani.djvu/92

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cause que monsieur voudrait profiter de ce qu’elle n’a pas sa tête pour l’épouser. Mademoiselle Muiron ne dit pas la chose comme elle est, mais elle s’inquiète beaucoup de savoir qui est monsieur, et je vois à son tourment que les choses vont vite. Après tout, je ne peux rien lui apprendre de monsieur, puisque je ne le connais ni d’Ève ni d’Adam ; mais le mal qu’il se donne pour épouser une folle prouve assez qu’il n’a ni sou ni maille, et qu’il ne se respecte pas infiniment.

Mademoiselle Muiron est très-aimable, mais bien défiante, et, quand je lui dis que sa maîtresse est aliénée, elle fait celle qui se moque de moi ; mais on ne m’attrape pas comme on veut, et je sais bien que cette dame ne sort jamais, qu’elle ne reçoit personne, excepté mon maître, qu’elle chante la nuit, et qu’elle est toujours habillée de blanc. Monsieur flatte sa manie, qui est la musique, et, de chansons en chansons, il la mettra dans le cas d’être forcée de l’épouser. Voilà son plan, qui est bien visible, malgré qu’il s’en cache, même avec moi.