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Page:Sand - Andre.djvu/11

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I.

Il y a encore au fond de nos provinces de France un peu de vieille et bonne noblesse qui prend bravement son parti sur les vicissitudes politiques, là par générosité, ici par stoïcisme, ailleurs par apathie. Je sais d’anciens seigneurs qui portent des sabots, et boivent leur piquette sans se faire prier. Ils ne font plus ombrage à personne ; et si le présent n’est pas brillant pour eux, du moins n’ont-ils rien à craindre de l’avenir.

Il faut reconnaître que parmi ces gens-là on rencontre parfois des caractères solidement trempés et vraiment faits pour traverser les temps d’orages. Plus d’un qui se serait débattu en vain contre sa nature épaisse, s’il eût succédé paisiblement à ses ancêtres, s’est fort bien trouvé de venir au monde avec la force physique et l’insouciance d’un rustre. Tel était le marquis de Morand. Il sortait d’une riche et