Page:Sand - Andre.djvu/119

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

-contrariée de ne pouvoir être seule, et, de son côté, elle se composa un visage aussi calme que possible ; mais Henriette était résolue à ne tenir aucun compte de ses efforts, et, après l’avoir embrassée avec une affectation de tendresse inusitée, elle la regarda en face d’un air triste, en lui disant :

— Eh bien ?

— Eh bien, quoi ? dit Geneviève, à qui la fierté donna la force de sourire.

— Te voilà revenue ? reprit Henriette du même ton de condoléance.

— Revenue de quoi ? que veux-tu dire ?

— On dit qu’elles se sont conduites indignement… Ah ! c’est une horreur ! Mais, va, sois tranquille, nous te vengerons ; nous savons aussi bien des choses que nous dirons, et les plus bégueules auront leur paquet.

— Doucement ! doucement ! dit Geneviève ; je ne te demande vengeance contre personne et je ne me crois pas offensée.

— Ah ! dit Henriette avec un mouvement de satisfaction méchante que son amitié pour Geneviève ne put lui faire réprimer, il est bien inutile de m’en faire un secret ; je sais tout ce qui s’est passé ; il y a assez longtemps que j’entends comploter l’affront qui t’a été fait. Ces belles demoiselles ne cherchaient qu’une occasion, et tu as été au-devant de leur méchanceté avec bien de la complaisance. Voilà ce que c’est, Geneviève, de vouloir sortir de son état