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Page:Sand - Andre.djvu/120

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! Si tu n’avais jamais fréquenté que tes pareilles, cela ne te serait pas arrivé. Non, non, ce n’est pas parmi nous que tu aurais été insultée ; car nous savons toutes ce que c’est que d’avoir une faiblesse, et nous sommes indulgentes les unes pour les autres. Le grand crime en effet que d’avoir un amant ! Et toutes ces princesses-là en ont bien deux ou trois ! Nous leur dirons leur fait. Laisse-les faire, nous aurons notre tour.

Geneviève se sentit si offensée de ces consolations, qu’elle faillit se trouver mal. Elle s’assit toute tremblante, et ses lèvres devinrent aussi pâles que ses joues.

— Il ne faut pas te désoler, ma pauvre enfant, lui dit Henriette avec toute la sincérité de son indiscrète amitié ; le mal n’est pas sans remède ; le mariage arrange tout, et tu vaux bien ce petit marquis. Seulement, ma chère, il faudrait de la prudence ; tu en avais tant autrefois ! Comment as-tu fait pour la perdre si vite ?

— Laissez-moi, Henriette, dit Geneviève en lui serrant la main. Je crois que vous avez de bonnes intentions ; mais vous me faites beaucoup de mal. Nous reparlerons de tout ceci ; mais pour le moment je serais bien aise de me mettre au lit. Je suis un peu malade.

— Eh bien ! eh bien ! je vais t’aider. Comment ! je te quitterais dans un pareil moment ! Non pas, certes ! Va, Geneviève, tu apprendras à connaître