Page:Sand - Andre.djvu/122

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pour avoir le plaisir de te mettre au-dessous d’elles. Ah ! cela devait arriver : tu étais montée si haut ! À présent on ne te laisse pas descendre à moitié ; on te roule en bas sous les pieds. Et pourquoi ? tu es peut-être aussi sage que par le passé ; mais on ne veut plus le croire ; on est si content d’avoir une raison à donner ! C’est une infamie, la manière dont on te traite. Les hommes sont peut-être encore plus déchaînés contre toi que les femmes. C’est incroyable ! Ordinairement les hommes nous défendent un peu pourtant ; eh bien ! ils sont tous tes ennemis ; ils disent que ce n’était pas la peine de faire tant la dédaigneuse pour écouter ce petit monsieur parce qu’il est noble et qu’il parle latin. J’ai beau leur dire qu’il te fait la cour dans de bonnes intentions, qu’il t’épousera. Ah ! bah ! ils secouent la tête en disant que les marquis n’épousent pas les grisettes. — Car, après tout, disent-ils, Geneviève la savante est une grisette comme les autres. Son père était ménétrier, et sa mère faisait des gants ; sa tante allait chez les bourgeois raccommoder les vieilles dentelles, et sa belle-sœur est encore repasseuse de fin à la journée.

— Tout cela n’est pas bien méchant, dit Geneviève ; je ne vois pas en quoi j’en puis être blessée. Après tout, qu’importe à ces messieurs que je me marie avec un marquis ou que je reste Geneviève la fleuriste ? Si les visites de M. de Morand me font du tort, qui donc a le droit de s’en plaindre ? Quel motif