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Page:Sand - Andre.djvu/121

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tes vraies amies ; tu as trop compté sur les demoiselles à grande éducation. Les livres ne rendent pas meilleur, sois-en sûre. On n’apprend pas à avoir bon cœur, cela vient tout seul ; et il n y a pas besoin d’avoir étudié pour valoir quelque chose. Veux-tu que je bassine ton lit ? quelle tisane veux-tu boire ?

— Rien, rien, Henriette ; tu es une bonne fille, mais je ne veux rien.

— Il faut cependant te soigner ! Veux-tu te laisser surmonter par le chagrin ? Pauvre Geneviève ! elles ont donc été bien insolentes, ces bégueules ? Qu’est-ce qu’on t’a dit ? Raconte-moi tout ; cela te soulagera.

— Je n’ai vraiment rien à raconter ; on ne m’a rien dit de désobligeant, et je ne me plains de personne.

— En ce cas, tu es bien bonne, Geneviève, ou tu ne te doutes guère du mal qu’on te fait. Si tu savais comme on te déchire ! quelle haine on a pour toi !

— De la haine ! de la haine contre moi ? Et pourquoi, au nom du ciel ?

-Parce qu’on est enchanté de trouver l’occasion de te rabaisser. Tu excitais tant de jalousie dans le temps où on disait : Geneviève première et dernière. Geneviève sans reproche. Geneviève sans pareille ! Ah ! que d’ennemies tu avais déjà ! mais elles n’osaient rien dire : qu’auraient-elles dit ? Aujourd’hui elles ont leur revanche : Geneviève par-ci, Geneviève par-là ! Il n’y a pas de filles perdues qu’on n’excuse