Page:Sand - Andre.djvu/158

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écrasée sous vos pieds dans vos conférences avec Henriette.

— Dieu m’en préserve ! dit André ; et, obéissant à regret, il chercha sur la table de l’atelier. La précieuse rose y était négligemment couchée au milieu des outils qui avaient servi à la créer. André fit un grand cri, et Geneviève, épouvantée, s’élança à son tour dans l’atelier avec ses cheveux toujours dénoués. Elle trouva André qui tenait la rose entre deux doigts et la contemplait dans une sorte d’extase.

— Ah ça ! vous avez voulu me rendre la pareille, lui dit-elle. À quel jeu jouons-nous ?

— Geneviève, Geneviève ! répondit-il, voici un chef-d’œuvre. À quelle heure et sous l’influence de quelle pensée avez-vous fait cette rose de Bengale ? quel sylphe a chanté pendant que vous y travailliez ? quel rayon du soleil en a coloré les feuilles ?

— Je ne sais pas ce que c’est qu’un sylphe, répondit Geneviève ; mais il y avait dans ma chambre un rayon de soleil qui me brûlait les yeux, et qui, je crois, m’a donné la fièvre. Je ne sais pas comment j’ai pu travailler et penser à tant de choses en même temps. Voyons donc cette rose ; je ne sais pas comment elle est.

— C’est une chose aussi belle dans son genre, répondit André, que l’œuvre d’un grand maître ; c’est la nature rendue dans toute sa vérité et dans toute sa poésie. Quelle grâce dans ces pétales mous