Page:Sand - Andre.djvu/159

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et pâles ! quelle finesse dans l’intérieur de ce calice ! quelle souplesse dans tout ce travail ! quelles étoffes merveilleuses employez-vous donc pour cela, Geneviève ? Certainement les fées s’en mêlent un peu !

— Les demoiselles de la ville me font présent de leurs plus fins mouchoirs de batiste quand ils sont usés, et avec de la gomme et de la teinture…

— Je ne veux pas savoir comment vous faites, ne me le dites pas ; mais donnez-moi cette rose et ne mettez pas votre bonnet.

— Vous êtes fou aujourd’hui ! prenez cette rose : c’est en effet la meilleure que j’aie faite. Je ne pensais pas à vous en la faisant.

André la regarda d’un air boudeur et vit sur sa figure une petite grimace moqueuse. Il courut après elle et la saisit au moment où elle lui jetait la porte au nez. Quand il la tint dans ses bras, il fut fort embarrassé ; car il n’osait ni l’embrasser ni la laisser aller. Il vit sur son épaule ses beaux cheveux, qu’il baisa.

« Quel être singulier ! dit Geneviève en rougissant. Est-ce qu’on a jamais baisé des cheveux ? »




XII.


On pense bien qu’André dans ses nouvelles leçons ne s’en tint pas à la seule science. Ses regards, l’émotion de sa voix, sa main tremblante en