Page:Sand - Andre.djvu/166

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mettre fin sur-le-champ. Un matin donc, au moment où André franchissait, joyeux et léger, le seuil de sa maison pour aller trouver Geneviève, une main vigoureuse saisit la bride de son petit cheval et le fit même reculer. Comme il faisait à peine jour, André ne reconnut pas son père au premier coup d’œil, et, pour la première fois de sa vie, il se mit à jurer contre l’insolent qui l’arrêtait.

— Doucement, monsieur, répondit le marquis, vous me semblez bien mal appris pour un bel esprit comme vous êtes. Faites-moi le plaisir de descendre de cheval et d’ôter votre chapeau devant votre père.

André obéit ; et quand il eut mis pied à terre, le marquis lui ordonna de renvoyer son cheval à l’écurie.

— Faut-il le débrider ? demanda le palefrenier.

— Non, dit André, qui espérait être libre au bout d’un instant.

— Il faut lui ôter la selle ! cria le marquis d’un ton qui ne souffrait pas de réplique.

André se sentit gagné par le froid de la peur ; il suivit son père jusqu’à sa chambre.

— Où alliez-vous ? lui dit celui-ci en s’asseyant lourdement sur son grand fauteuil de toile d’Orange.

— À L…, répondit André timidement.

— Chez qui ?

— Chez Joseph, répondit André après un peu d’hésitation.