Page:Sand - Andre.djvu/167

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Où allez-vous tous les matins ?

— Chez Joseph.

— Où passez-vous toutes les après-midi ?

— À la chasse.

— D’où venez-vous si tard tous les soirs ? de chez Joseph et de la chasse, n’est-ce pas ?

— Oui, mon père.

— Avec votre permission, monsieur le savant, vous en avez menti. Vous n’allez ni chez Joseph ni à la chasse. Auriez-vous en votre possession quelque beau livre écrit sur l’art de mentir ! Faites-moi le plaisir d’aller l’étudier dans votre chambre, afin de vous en acquitter un peu mieux à l’avenir. M’entendez-vous ?

André, révolté de se voir traité comme un enfant, hésita, rougit, pâlit et obéit. Son père le suivit, l’enferma à double tour, mit la clef dans sa poche et s’en fut à la chasse.

André, furieux et désolé, maudit mille fois son sort et finit par sauter par la fenêtre. Il s’en alla passer une heure aux pieds de Geneviève. Mais, dans la crainte de l’effrayer de la dureté de son père, il lui cacha son aventure, et lui donna, pour raison de sa courte visite, une prétendue indisposition du marquis.

Le marquis fit bonne chasse, oublia son prisonnier, et rentra assez tard pour lui laisser le temps de rentrer le premier. Lorsqu’il le retrouva sous les verrous il se sentit fort apaisé et l’emmena souper