Page:Sand - Andre.djvu/169

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ouvrant le livre de ses domaines sur une table, il le força de faire des additions jusqu’à l’heure du dîner. Vers le soir, André espérait être libre : son père le mena voir tondre des moutons.

Le quatrième jour, Geneviève, ne pouvant résister à son inquiétude, lui écrivit quelques lignes, les confia à un enfant du voisinage, qu’elle chargea d’aller les lui remettre. Le message arriva à bon port, quoique Geneviève, ne prévoyant pas la situation de son amant, n’eût pris aucune précaution contre la surveillance du marquis. Le hasard protégea le petit page aux pieds nus de Geneviève, et André lut ces mots, qui le transportèrent d’amour et de douleur.

« Ou votre père est dangereusement malade, ou vous l’êtes vous-même, mon ami. Je m’arrête à cette dernière supposition avec raison et avec désespoir. Si vous étiez bien portant, vous m’écririez pour me donner des nouvelles de votre père et pour m’expliquer les motifs de votre absence, vous êtes donc bien mal, puisque vous n’avez pas la force de penser à moi et de m’épargner les tourments que j’endure ! O André ! quatre jours sans te voir, à présent c’est impossible à supporter sans mourir ! »

André sentit renaître son courage. Il viola sans hésitation la consigne de son père, et courut à travers champs jusqu’à la ville. Il arriva plus fatigué par les terres labourées, les haies et les fossés