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qu’il avait franchis, qu’il ne l’eût été par le plus long chemin. Poudreux et haletant, il se jeta aux pieds de Geneviève et lui demanda pardon en la serrant contre son cœur.

— Pardonne-moi, pardonne-moi, lui disait-il, oh ! pardonne-moi de t’avoir fait souffrir ?

— Je n’ai rien à vous pardonner, André, lui répondit-elle ; quels torts pourriez-vous avoir envers moi ? Je ne vous accuse pas, je ne vous interroge même pas. Comment pourrais-je supposer qu’il y a de votre faute dans ceci ? Je vous vois et je remercie Dieu.




XIII.


Cette sainte confiance donna de véritables remords à André. Il savait bien qu’avec un peu plus de courage il aurait pu s’échapper plus tôt ; mais il n’osait avouer ni son asservissement ni la tyrannie de son père. Déclarer à Geneviève les traverses qu’elle avait à essuyer pour devenir sa femme était au-dessus de ses forces. Bien des jours se passèrent sans qu’il pût se décider à sortir de cette difficulté, soit en affrontant la colère du marquis, soit en éveillant l’effroi et le chagrin dans l’âme tranquille de Geneviève. Il erra pendant un mois. On le rencontrait à toutes heures du jour ou de la nuit courant ou plutôt fuyant à travers prés ou bois, de la ville au château et du château à la ville ; ici cherchant à apaiser les inquié-