Page:Sand - Andre.djvu/179

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— Mais il se fait tard. André meurt peut-être ! Joseph, avançons et recommandons-nous à Dieu, mon ami.

Ces paroles mirent une étrange confusion dans l’esprit de Joseph : l’idée de son ami mourant, les expressions affectueuses de Geneviève et l’image de cette jolie jambe se croisaient singulièrement dans son cerveau.

« Allons, dit-il enfin, donnez-moi une poignée de main, Geneviève ; et si un de nous seulement en réchappe, qu’il parle de l’autre quelquefois avec André. »

Geneviève lui serra la main, et, laissant retomber sa robe, elle frappa elle-même du talon le flanc de sa monture. François se remit courageusement à la nage, avança jusqu’à une éminence et, au lieu de continuer, revint sur ses pas.

« Il cherche le chemin, il voit qu’il s’est trompé, dit Joseph. Laissons-le faire, il a la bride sur le cou. »

Après quelques incertitudes, François retrouva le gué et parvint glorieusement au rivage.

— Excellente bête ! s’écria Joseph ; puis, se retournant un peu, il étouffa une espèce du soupir en voyant la jupe de Geneviève retomber jusqu’à sa cheville, et il ne put s’empêcher de murmurer entre ses dents : « Ah ! cette petite jambe ! »

— Qu’est-ce que vous dites ? demanda l’ingénue jeune fille.