Page:Sand - Andre.djvu/190

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i donner un mauvais conseil… Monsieur le marquis, demandez à M. Joseph Marteau si je suis ce que vous croyez. Laissez-moi approcher du lit d’André. Si vous craignez que ma vue ne lui fasse du mal, je me cacherai derrière son rideau ; mais laissez-moi le voir pour la dernière fois… Après, vous me chasserez si vous voulez, mais laissez-moi le voir… Vous n’êtes pas un méchant homme, vous n’êtes pas mon ennemi ; que vous ai-je fait ? Vous ne pouvez maltraiter une femme. Accordez-moi ce que je vous demande.

En parlant ainsi, Geneviève était retombée à genoux et cherchait à s’emparer d’une des grosses mains du marquis. Elle était si belle dans sa pâleur, avec ses joues baignées de larmes, ses longs cheveux noirs qui, dans l’agitation de sa course, étaient tombés sur son épaule, et cette sublime expression que la douleur donne aux femmes, que Joseph jugea sa prière infaillible. Il pensa que nul homme, si affligé qu’il fût, ne pouvait manquer de voir cette beauté et de se rendre. « Allons, mon cher voisin, dit-il en s’unissant à Geneviève, accordez-lui ce qu’elle demande, et soyez sur que vous êtes injuste envers elle. Qui sait d’ailleurs si sa vue ne guérirait pas André ?

— Elle le tuerait ! s’écria le marquis, dont la colère augmentait toujours en raison de la douceur et de la modération des autres. Mais heureusement, ajouta-t-il, le pauvre enfant n’est pas en état de