Page:Sand - Andre.djvu/191

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s’apercevoir que cette impudente est ici. Sortez, mademoiselle, et n’espérez pas m’adoucir par vos basses cajoleries. Sortez, ou j’appelle mes valets d’écurie pour vous chasser.

En même temps il la poussa si rudement qu’elle tomba dans les bras de Joseph. « Ah ! c’est trop fort ! s’écria celui-ci. Marquis ! tu es un butor et un rustre ! Cette honnête fille parlera à ton fils, et si tu le trouves mauvais, tu n’as qu’à le dire : en voici un qui te répondra. »

En parlant ainsi, Joseph Marteau montra un de ses poings au marquis, tandis que de l’autre bras il souleva Geneviève et la porta auprès du lit d’André. M. de Morand, stupéfait d’abord, voulut se jeter sur lui ; mais Joseph, selon l’usage rustique du pays, prit une paille qu’il tira précipitamment du lit d’André, et la mettant entre lui et M. de Morand :

— Tenez, marquis, lui dit-il, il est encore temps de vous raviser et de vous tenir tranquille. Je serais au désespoir de manquer à un ami et à un homme de votre âge ; mais le diable me rompe comme cette paille si je me laisse insulter, fût-ce par mon père ! entendez-vous ?

— Mes frères, au nom de Jésus-Christ, finissez cette scène scandaleuse, dit le curé. Monsieur le marquis, votre fils reconnaît cette jeune fille : c’est peut-être la volonté de Dieu qu’elle le ramène à la vie. C’est une fille pieuse et qui a dû prier avec ferveur. Si vous ne voulez pas que votre fils l’épouse,