Page:Sand - Andre.djvu/192

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

prenez-vous-y du moins avec le calme et la dignité qui conviennent à un père. Je vous aiderai à faire comprendre à ces enfants que leur devoir est d’obéir. Mais dans ce moment-ci vous devez céder quelque chose si vous voulez qu’on vous cède tout à fait plus tard. Et vous, monsieur Joseph, ne parlez pas avec cette violence, et ne menacez pas un vieillard auprès du lit de souffrance de son enfant, et peut-être auprès du lit de mort d’un chrétien.

Joseph n’avait pas abjuré un certain respect pour le caractère ecclésiastique et pour les remontrances pieuses. Il était capable de chanter des chansons obscènes au cabaret et de rire des choses saintes le verre à la main ; mais il n’aurait pas osé entrer dans l’église de son village le chapeau sur la tête, et il n’eût, pour rien au monde, insulté le vieux prêtre qui lui avait fait faire sa première communion.

— Monsieur le curé, dit-il, vous avez raison ; nous sommes des fous. Que M. de Morand s’apaise ce soir, je lui ferai des excuses demain.

— Je ne veux pas de vos excuses, répondit le marquis d’un ton d’humeur qui marquait que sa colère était à demi calmée ; et quant à M. le curé, ajouta-t-il entre ses dents, il pourrait bien garder ses sermons pour l’heure de la messe… Que cette fille sorte d’ici, et tout sera fini.

— Qu’elle reste, je vous prie, monsieur, dit le médecin ; votre fils éprouve réellement du soulagement à son approche. Regardez-le : ses yeux ont repris