Page:Sand - Andre.djvu/195

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Geneviève, tantôt le corbillard d’André suivi de Geneviève, qui relevait sa jupe par mégarde et laissait voir sa jolie petite jambe.

À cette dernière image, Joseph faisait un grand effort pour chasser le démon de la concupiscence des voies saintes de l’amitié, et il s’éveillait en sursaut. Alors il distinguait, à la lueur mourante de la lampe, la figure rouge du marquis luttant avec les tressaillements convulsifs de l’impatience, et leurs yeux se rencontraient comme ceux de deux chats qui guettent la même souris.

Pendant ce temps, le curé lisait son bréviaire à la clarté du jour naissant. Un petit vent frais agitait les feuilles de la vigne qui encadrait la fenêtre et jouait avec les rares cheveux blancs du bonhomme. À chaque soupir étouffé du malade, il abaissait son livre, relevait ses lunettes et protégeait de sa muette bénédiction le couple heureux et triste.

Geneviève avait tant souffert, et le trot du cheval l’avait tellement brisée, qu’elle ne put résister. Malgré l’anxiété de sa situation, elle céda, et laissa tomber sa jolie tête auprès de celle d’André. Ces deux visages, pâles et doux, dont l’un semblait à peine plus âgé et plus mâle que l’autre, reposèrent une demi-heure sur le même oreiller pour la première fois et sous les yeux d’un père irrité et vaincu, qui frémissait de colère à ce spectacle et qui n’osait les séparer.

Quand le jour fut tout à fait venu, le curé, ayant