Page:Sand - Andre.djvu/196

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achevé son bréviaire, s’approcha du médecin, et ils eurent ensemble une consultation à voix basse. Le médecin se leva sans bruit, alla toucher le pouls d’André et les artères de son front ; puis il revint parler au curé. Celui-ci s’approcha alors de Geneviève, qui s’était doucement éveillée pour céder la main de son amant à celle du médecin. Elle écouta le curé, fit un signe de tête respectueux et résigné ; puis alla trouver Joseph et lui parla à l’oreille. Joseph se leva. Le marquis avait fini par s’endormir. Quand il s’éveilla, il se trouva seul dans la chambre avec son fils et le médecin. Ce dernier vint à lui et lui dit :

— M. le curé a jugé prudent et convenable de faire retirer la jeune personne, dont la présence ou le départ aurait pu agir trop violemment dans quelques heures sur les nerfs du malade. Je me suis assuré de l’état du pouls. La fièvre était presque tombée, et la faiblesse de votre fils permettait de compter sur le défaut de mémoire. En effet, le malade s’est éveillé sans chercher Geneviève et sans montrer la moindre agitation. Tout à l’heure, il m’a demandé si je n’avais pas vu cette nuit une femme blanche auprès de son lit. Je lui ai persuadé qu’il avait vu en rêve cette apparition ; maintenez-le dans cette erreur, et gardez-vous de rien dire qui le ramène à un sentiment trop vif de la réalité. Je vois maintenant à cette maladie des causes purement morales ; je vous déclare que vous pouvez mieux que moi guérir votre fils.